LES 10 KM DES VANNADES (Lac de Manosque, Alpes de haute Provence)
Voici un rendez-vous fixé sans doute, de toute éternité. C’était écrit…Parmi les nombreuses raisons qui m’ont poussée à me rendre au pays de Giono et de Magnan, 3 ont été déterminantes.
Tout a commencé, en fait, il y a plusieurs années : ma cousine habitant Manosque (50 km d’Aix, entre le parc naturel du Lubéron et celui du Verdon, en Val Durance), elle m’invite régulièrement pour ce fameux week end de la fête de la course à pied Manosquine. Malheureusement, cela ne s’est jamais fait ! D’autres engagements à cette date m’avaient tenue éloignée de cette épreuve de 10 km. Mais en cette année 2008, les dates du 17/18 Mai ont été cochées sur mon calendrier depuis longtemps…Avec, néanmoins, un point d’interrogation.
IL N’Y A PAS DE HASARD, RIEN QUE DES RENDEZ-VOUS
Deuxième raison de ma participation à cette course : mon ami Kikoureur Caliméro (adhérent au cyber-club de sportifs d’endurance sur la toile : http://kikourou.net) m’a offert une invitation…
Et, troisième raison et non des moindres, un kikou Gdraid, que je rêve de rencontrer depuis fort longtemps, fera pour moi ( !), si je viens, le déplacement de Milly-la-Forêt (sud de l’Essonne, 717 km) à Manosque ! Bref, c’est clair, je l’annonce à qui veut l’entendre :
« Ne me cherchez pas au départ d’une autre course, je serai aux Vannades dimanche 18 mai »
Un rendez-vous incontournable.
UN DELUGE SUR LE VAL DURANCE
Samedi après-midi, Crapahut 26 et moi quittons la vallée du Rhône sous le soleil…Jusqu’à Aix en Provence ! Là, un déluge s’abat sur la Titimobile qui manque de se noyer sous la violence de ce déferlement. Les essuie-glaces balaient le pare-brise à un rythme effréné, sans parvenir à chasser suffisamment d’eau pour libérer la vue sur la route. Nous sommes sur l’A51, deux voies seulement, impossible de s’arrêter. Galère !
Arrivées à Manosque, nous constatons que le bas de la ville est inondé et que des plaques d’égouts sont parties surfer plus loin. Heureusement, nous sommes accueillies chaleureusement par mes cousins, aussi ravis que nous de ce week end ensemble. Une légère éclaircie nous permet de nous rendre sur le site du lac des Vannades (4 km), pour retirer nos précieux dossards. Pas de kikous à l’horizon. D’ailleurs, en fait, personne n’est à l’horizon ! Seuls des bénévoles mouillés et frigorifiés sont là, fidèles à leur poste, pataugeant dans l’eau et la boue qui collent aux baskets. Ca promet pour demain. La course est sur route, même le tour du lac final est bitumé, mais par contre, l’aire d’arrivée a lieu dans l’herbe et la terre battue…Cette partie du parcours va ressembler à un cross dans les labours !
DIMANCHE 18 MAI 2008 : UNE JOURNEE PARTICULIERE
Une date que je vais désormais retenir, c’est sûr.
En ce dimanche matin, le ciel nous offre un contraste de nuages où le gris le dispute au blanc. Le soleil devrait être de la partie aujourd’hui. La fête n’en sera que plus belle.
Je gare la Titimobile sur le parking désert du lac. Désert ? Et oui, il est 7 heures du matin et les courses ne débutent qu’à 10 h ! En fait, dans peu de temps le site sera envahi de voitures, de navettes, de vélos, de poussettes et autres piétons. Je ne m’attarde pas et reviens avec la voiture de ma cousine à Manosque. A propos, il semblerait que le nom de cette commune de Haute-Provence soit d’origine celto-ligure : « man » : montagne/colline et « asq » : peuple habitant le lieu. Bon, refermons cette parenthèse culturelle et plongeons-nous dans le compte-rendu de cette journée que je sais d’avance marquée pour longtemps avec une pierre blanche.
9 HEURES, RETOUR AUX VANNADES
Dans moins d’une heure le départ du 10 km sera donné à un peloton féminin tout d’orange vêtu. Les organisateurs (et les sponsors !) nous ont offert un tee-shirt « Kalenji » de cette couleur en nous incitant à le porter pour l’épreuve. Une déferlante de filles courant en peloton fera dire à certains : « Un peloton d’oranges pressées » Pas faux pour les premières !
J’erre sur l’aire d’arrivée, sur les parkings, dans la tente de remise des dossards, scrute chaque visage, me retourne vers tout coureur habillé de rouge ou buffé ! Je suis à la recherche de kikous ; ma chasse au trésor !
Là, oui, je vois rouge : il s’agit du Solitaire, accompagné (sic !) de sa p’tite famille de mini-kikous.
- Salut, j’suis le Solitaire !
- Euh, on dirait pas ! Moi, c’est…
- Titifb ! J’te reconnais ! Et voici Kéké 013, et Epilobe. Nous serons sur le semi.
Et puis, le grand moment arrive. Gdraid, him self s’avance vers nous, vers moi, presque timidement. J’ai du mal à le reconnaitre sans sa barbe. Je voudrais lui sauter au cou, mais je n’ose pas, pourtant, mon cœur menace de sortir de ma poitrine. Depuis le temps que j’attends ce moment…
Que de mails, de MP avons-nous échangés depuis que je sévis sur Kikouroù. Je languissais cet instant que je savais inoubliable. Jean-Claude me tend sa joue glabre et j’y dépose un baiser sobre, à l’inverse de celui que j’aurais voulu lui offrir…
Nous échangeons quelques mots et puis, Crapahut 26 et moi partons pour nous échauffer. Un 10 km, ça part vite, et nous ne sommes pas venues de la Drôme pour faire de la figuration. Et puis, j’ose à peine me l’avouer, mais j’aimerais bien offrir un podium à Gdraid qui vient de nous révéler que c’était son jour d’anniversaire…Comble, c’est lui qui vient de m’offrir une bouteille de mon vin préféré : un Gigondas ! Bon, il faut que je fasse honneur à mes supporters, à mes fans dirai-je : les kikous et mes cousins…
9 h 55 LE DEPART COMMUN POUR LES FILLES DU 10 KM ET DU SEMI : LA DEFERLANTE ORANGE
Le doigt sur le chrono, Crapahut 26 et moi attendons le départ des « handisport » qui ouvrent la course 1 minute avant les « valides ». Derrière nous, un peloton orangé de près de 300 femmes, dont plus de 180 inscrites sur le 10 ! Incroyable…Les garçons seront lâchés 5 minutes après nous, et les meilleurs d’entre eux nous rattraperont…
PAN ! C’est parti…Je ne me mets pas dans le rouge et suis le peloton de tête emmené par Bénédicte Molle (future vainqueur du 10) et sa collègue Lisel Dissler (future vainqueur du semi). Je passe au 1er kilo en 3’41, le 2e en 7’30, le 3e en 11’15 ; Crapahut 26 (finalement 2e) et Laurence Vivier (3e) sont à portée de main. Je suis en 4e position, et le resterai jusqu’à l’arche d’arrivée…Impossible pour moi d’inquiéter Laurence aujourd’hui. J’suis pas dans l’rouge, mais j’ai l’impression néanmoins de ne pas pouvoir aller plus vite. Le parcours ne me favorise pas : il s’agit d’une succession de faux-plats montants, descendants avec soit pas mal de relances, soit de grandes lignes droites qui « endorment ». Sans compter une jolie côte entre le 5e et le 6e kilomètre qui m’a ôté mes dernières illusions de rattraper Laurence Vivier.
Peu m’importe, je suis 4e et cette place me vaudra ce fameux podium que je veux offrir à ma famille et à Gdraid ! Un dernier effort nous attend en revenant sur le site des Vannades, le tour du lac, soit environ 2 kilomètres. Une foule immense est là pour nous encourager et nous réserver une haie d’honneur. C’est sous des applaudissements nourris que je franchis la ligne d’arrivée. Heureuse.
Crapahut est là, dans l’aire d’arrivée en compagnie de ma cousine qui nous mitraille avec son APN ! Elle est aussi contente que nous…
QUE DU BONHEUR !
Le temps de me changer, je reviens attendre Gdraid…que je rate ! Damned, moi qui voulais immortaliser son arrivée sur un 10 km !!! Petit à petit, les coureurs en finissent, ceux du 10 ainsi que ceux du semi…Les visages sont parfois crispés, mais la joie est sur tous les visages.
Enfin, les kikous sont de nouveau réunis…Place au meilleur maintenant : nous pouvons discuter, nous promener dans les divers stands de produits pour nous restaurer ! Remarquable, à ce sujet, ceux de SOJASUN ! Des milliers de « Yaourts » à tous les parfums ont été distribués aux athlètes affamés…Quelle générosité, j’ai rarement vu ça. Et grâce aux bons de réductions distribués, j'ai pu dévaliser mon magasin préféré...
Nous dégustons également des cafés délicieux au stand « LAVAZZA », et des cosmétiques de la marque L’OCCITANE, partenaire du Challenge Féminin, sont remis à toutes les féminines. (Je les ai essayés : excellents, je vous les conseille !).
Bref, les organisateurs ont bien fait les choses et de nombreuses animations permettent d’attendre la remise des récompenses (spa, démonstration d’arts martiaux, vélo, courses enfants, etc.…).
13 h 30 REMISE DES PRIX : 2 PODIUMS POUR LA GARDE ADHEMAR !
C’est Défi Franck, le président kikou de La Foulée Lagardienne qui serait fier s’il avait été là ! Deux de ses athlètes sur un podium. Paraît-il, il ne s’en lasse pas…nous non plus…
Ma joie est grande de monter sur cette estrade et de me voir remettre mes récompenses par le maire de Manosque ainsi que par les autres notables de la région. Les flashs crépitent de toutes parts. Je suis plus émue que si j’avais gagné…
Secrètement (euh, ce n’est plus un secret du coup !) je dédie ce podium (4e et 3’ V1, les 3 premières ayant été récompensées dans le scratch), à Jean-Claude pour son anniversaire (une bouteille sera pour lui…), à ma cousine Maryse et à mon cousin Christian, et à Philippe/Caliméro.
Nous nous quittons bien trop tôt (chacun a de la route à faire avant de regagner son fief…). Les bises claquent enfin avec plus d’intensité que le matin…Je ne suis pas prête d’oublier ce 18 Mai. Je vous conseille à tous de venir à Manosque l’an prochain ! Viendez, vous ne le regretterez pas, j’en suis sûre.
Merci pour cette journée hors du temps, pour ce bonheur d’avoir partagé ces précieuses heures avec vous. Saint Exupéry nous affirme que « l’essentiel est invisible pour les yeux », mais pour celui qui a su regarder dans les miens, il y a bien vu où était mon essentiel…
Voici le blason de Manosque qui résume la destinée de l’homme dont la devise est : « Omnia in manu dei sunt », soit : « Tout est dans la main de Dieu… »